« Paradoxalement les risques de coupure d’électricité sont les plus élevés lorsque la production solaire sera au plus bas »

Un contexte source d’inquiétude

Face à cette canicule et sécheresse estivale, les européen.nes ont pu faire une nouvelle fois l’expérience sensible d’un dérèglement climatique en cours et qui s’accélère. Les conséquences sont nombreuses et contribuent notamment à une déstabilisation géopolitique ou de nombreux pays réduisent leurs importations en ressources pour assurer leur propre autonomie ou d’autres s’accaparent de nouveaux territoires pour assurer leur expansion économique. La filière solaire en fait notamment les frais avec :
– d’un côté une très forte croissance de la demande : regain d’intérêt pour l’énergie solaire, mise en œuvre de leur politique de transition énergétique,
– de l’autre une insuffisance des capacités industrielles de production (composants électroniques) ou d’extraction (ressources minières) suite notamment à 2 années de crise sanitaire où les chaines de production étaient à l’arrêt et le transport de marchandises au ralenti.

Coupure d’électricité en hiver

Une baisse d’approvisionnement en gaz cet hiver aura autant une conséquence sur le recours à l’électricité pour le chauffage des consommateurs que sur l’incapacité aux fournisseurs d’électricité d’en produire en période de pointe de la demande (absence de gaz pour les centrales thermiques d’appoints). Par conséquent, le risque est effectivement bien réel en France. Cela dit…

« Avant de tous paniquer, il s’agit d’abord de coupures de courant tournantes, durant dix à douze jours de l’année lors de très forte demande et en priorité pour des entreprises fortement consommatrices qui seront délestées 2 heures maximum par jour et surtout pendant la journée en heures de pointes c’est à dire entre 8H et 10h du matin et 15H et 17H l’après-midi. Pour les particuliers ce serait entre 05h et 9H le matin et 17H et 21H le soir. Alors en plein hiver, à ces horaires là, les panneaux photovoltaïques ne produisent pas »…,

Témoignage de Richard, adhérent de l’association

RTE, transporteur de l’électricité en France propose l’outil ecoWatt pour avoir la “météo de l’électricité” : https://www.monecowatt.fr/
Grâce à cet outil, vous pourrez être informé d’un risque de coupure d’électricité en amont, et suivre les recommandations pour les éviter.

L’attrait irrésistible du soleil

En Région, le constat est sans appel, les habitants veulent développer leur autonomie énergétique en se tournant vers le soleil : solaire photovoltaïque en tête et thermique dans une moindre mesure. Les craintes de rupture d’approvisionnement énergétique sont réelles pour cet hiver : avec notamment le secteur de l’électricité qui va pâtir d’un parc nucléaire vieillissant (la moitié des réacteurs sont encore à l’arrêt à ce jour) et d’un report de consommateurs quittant le gaz pour recourir à l’électricité.

Une production solaire intermittente

Sur une année, la production d’électricité par une installation de 3 kWc (8 panneaux -15 m2)  produira en moyenne 3 000 KWh/an. Cela correspond aux besoins moyens annuelles d’une famille de 3-4 personnes hors chauffage et production d’eau chaude sanitaire.

Sur ces 3000 kWh produits par an, vous pourrez espérer une autoconsommation instantanée (sans stockage ou délestage) d’environ 30 à 40%.

Remarque : en cas de coupure sur le réseau, que ce soit en vente de totalité, en autoconsommation avec vente de surplus ou avec un kit en autoconsommation totale, votre onduleur se coupera automatiquement (norme VDE 0126-1-1) et vous ne pourrez pas bénéficier de votre production solaire. Seuls les onduleurs hybrides, plus récent, peuvent continuer à produire leur électricité et alimenter votre logement (hors vente de totalité de la production)

Repères : entre le 1er décembre et le 31 janvier le jour se lève entre 8H30 et 9H et se couche entre 16H et 16H30 et en février c’est aux environs de 8H et 17H que le soleil se lève et se couche. Le délestage pour les 12 jours les plus froids entre le 15 décembre et le 15 mars, n’impactera donc pas votre production ou alors vraiment à la marge. Paradoxalement les risques de coupure sont les plus élevés lorsque la production solaire sera au plus bas.

Pour limiter la consommation aux heures de pointes et mieux la répartir sur la journée/nuit et la faire correspondre au mieux à la production solaire (ENR plus généralement) : Nos modes de vie doivent changer.

Le solaire photovoltaïque pas adapté pour le chauffage

La production se répartit inégalement sur l’année : 2/3 de la production se réalise d’avril à septembre et 1/3 seulement sur la période hivernale. Envisager la production solaire pour couvrir vos besoins en chauffage est une mauvaise idée pour une maison non isolé de manière performante.

Démonstration :
Si à l’année vous consommer environ 10 000 kWh pour le chauffage, il faut donc à minima le triple en puissance installée de panneaux solaires photovoltaïques pour espérer couvrir ce besoin sur les 6 mois de période de chauffe soit une installation de 30 kWc environ 150m2 pour un coût de 50 000 euros à minima d’investissement.

Repère : isoler sa maison en totalité vous coûtera moins cher (150 à 200 euros/m2) et vous apportera du confort en prime.

Pas d’autonomie sans stockage

Autre paramètre important, au-delà la variabilité inter-saisonnière de la production solaire, il n’est pas rare en hiver d’avoir plusieurs jours sans bonne luminosité. Par conséquent, sans stockage sur des batteries physiques l’autonomie/autarcie n’est pas possible ou alors à un budget considérable qui ne permet pas d’envisager une installation rentable.

NB : nous ne rentrerons pas ici dans le débat sur l’impact environnemental des batteries qui pourrait faire l’objet d’un article en soi.

Démonstration :
On dimensionne le stockage sur un nombre de jours consécutifs sans production solaire en hiver, souvent 3 jours : si on reprend notre exemple d’une maison ayant un besoin en chauffage de 10 000 kWh (soit au moins 60 kWh/jour en hiver), un système de batterie pouvant stocker 180 kWh est nécessaire : ça n’existe pas, et ça pèserait plus d’une tonne !

Plus généralement, l’électricité est une énergie qui n’est pas adaptée pour le chauffage, elle est déjà le produit d’une transformation. Les pompes à chaleur de type géothermie, le solaire thermique, le bois, le pellet ou les plaquettes restent bien plus adaptées.

Le solaire une solution parmi d’autres : la sobriété, l’efficacité, et les renouvelables

Nos premiers conseils :

1/ Réduire ses besoins par des actions de sobriété

  • Pour le chauffage : maison plus petite, on ne chauffe pas toutes les pièces, pas à la même température, on baisse la consigne de température (1°c en moins = 7% d’économies)
  • Pour l’eau chaude : ballon de stockage plus petit, – de bain & + de douche ; – de douche & + de toilettes au lavabo, une eau un peu moins chaude, une douche moins longue, un réducteur/mousseur pour baisser la consommation d’eau
  • Pour l’électricité pour les autres usages : – d’équipements électriques & +d’équipements manuels, « du balai à l’aspi », du four électrique au four solaire, plutôt fil à linge que sèche-linge, etc…

2/ Réduire ses besoins par des actions d’efficacité

  • Pour le chauffage : isoler sa toiture, ses murs, remplacer les fenêtres, VMC performante et mettre un pull.
  • Pour l’eau chaude : isoler son ballon et ses canalisations, chauffer la quantité d’eau strictement nécessaire.
  • Pour l’électricité pour les autres usages : remplacer les équipements les plus énergivores (congélateur, réfrigérateur) par des plus récents, utiliser une marmite norvégienne pour finir la cuisson de ses plats, dégivrer ses équipements, couper les veilles, la box la nuit, etc…

Ces 2 premières actions peuvent contribuer à réduire de 50 à 80% vos besoins !

A ce niveau de besoin/consommation, l’autonomie en énergie est bien plus atteignable avec un confort accru.

3 / Avoir recours aux énergies renouvelables

  • Pour le chauffage : changer de source d’énergie : quitter le fioul, le gaz et l’électricité pour le bois, le granulés, les plaquettes et les pompes à chaleur (géothermie de préférence)
  • Pour l’eau chaude : le chauffe eau solaire thermique, le ballon thermodynamique, le solaire photovoltaïque avec une programmation pour le déclencher lors des journées ensoleillées.
  • Pour les autres usages : éolien et solaire photovoltaïque avec une attention particulière à augmenter ses usages électriques au moment du pic de production : cuisiner le midi pour le repas du soir, programmer ses machines à laver, lave vaisselle, sèche linge en milieu de journée ensoleillée ou lors de journées venteuses pour l’éolien, baisser la température de son congélateur (plus froid) pour faire une forme de stockage à froid etc…

Ce sont autant de solutions pour réduire la demande en énergie, réduire vos factures et soulager le réseau électrique en période de pointe.